Yves Leblanc - +++

Pays Pourlet

 

En pays Pourlet

 

 

 

L’EGLISE PAROISSIALE DE LOCMALO

 

 

 

 

 

Le pays Pourlet, séparé par l’Ellé de la Cornouaille Morbihannaise, est une zone enclavée,  située au nord-est du département du Morbihan. Sa capitale (Guémené-sur-Scorff) est réputée pour son andouille de fabrication artisanale. C’est à Lignol, dans le presbytère, que fut arrêté le marquis de Pont-Calleck en 1720, (pour sa participation à une conjuration autour de la duchesse du Maine et de l’ambassadeur d’Espagne Gellamare, destinée à éliminer le Régent de France) et assassiné, par les Chouans, le député républicain à la Constituante Corentin Le Floch, le 28 décembre 1794 au nom de « la défense des libertés bretonnes ». Le pays bocager possède une architecture  très riche en beaux bâtiments de fermes, châteaux et chapelles. Les maisons rurales sont habituellement regroupées en petits hameaux, appelés villages. Autrefois les jeunes femmes portaient la coiffe dite «brouette», karikel en breton : le costume féminin étant composé d’un corsage, d’une jupe et d’un tablier. Le corsage dont les deux côtés se croisent sur la poitrine est garni de deux rangées de boutons si rapprochés les uns des autres que cette particularité a fait donner à la mode Pourlet le nom de « Mille boutons ». Le gilet du costume masculin, décoré de velours, est, quant à lui, orné de multiples boutons en argent…  

 

Locmalo vient de  Loc (en breton, lieu consacré) et de saint Malo.

Saint Maclou (Saint Malo) fut le premier évêque de la ville de Saint-Malo en Bretagne. Mach Low naquit vers 570 au Pays de Galles dans le Gwent. Il traversa la Manche, pour s'installer sur une petite île, emplacement actuel de Saint-Malo. Fondateur de l'évêché d'Aleth, il y cultiva la vigne. Persécuté, il dut s’exiler à Saintes, en revint et se désista en faveur de Gudwal. Il mourut à Archingeay, en Charente-Maritime, vers 640. Il est l’un des sept saints qui arrivèrent de Grande-Bretagne au cinquième siècle et fondèrent les sept anciens évêchés: saint Malo, saint Brieuc, saint Pol (Saint Pol-de-Léon), saint Samson (Dol), saint Tugdual (Tréguier), saint Corentin (Quimper), et saint Patern (Vannes). Jusqu’au seizième siècle, chaque breton était obligé de faire le pèlerinage de ces cathédrales (le Tro-Breiz) sous peine de l’effectuer après sa mort en n’avançant que tous les sept ans de la longueur de son cercueil !

Locmalo est semble-t-il un démembrement de l’ancienne paroisse primitive de Plousquen, aujourd’hui disparue. On rencontre les appellations suivantes : Locmoelou (en 1427), Saint Malou (en 1427), Locmalou (en 1448), Locmalo (à partir de 1477).

Aujourd’hui, Locmalo est une petite ville au riche patrimoine religieux : une église paroissiale, les chapelles de Kerlénat, Saint-Eugène, Saint-Symphorien à Longueville, la chapelle de la Vraie-Croix et de nombreuses chapelles disparues...

L’église construite au XVe siècle fut remaniée à plusieurs reprises : de l’édifice original, il ne reste qu’une porte et qu’une fenêtre (côté nef). La reconstruction du transept nord date de 1577, celle du bras sud de1611. De nouveaux travaux furent entrepris au XVIIIe siècle, dont la sacristie et les arcades des chapelles latérales. Une jolie porte en anse de panier et accolade donne accès à la chapelle du nord qui communique avec la nef par des arcades en plein cintre et un choeur à chevet plat.  La tour carrée est amortie en flèche polygonale : elle est flanquée au sud d'une tourelle d'escalier, à vis et sans jour, qui mène à la chambre des cloches.

La cloche de volée, dite la Ligueuse, surnommée ainsi car elle aurait sonné le tocsin lors des guerres de Religion, date de 1571 : elle est classée depuis le 12 juillet 1912 et porte l’inscription « l'an mil VCLXXI je fus faicte J Dréan, fabrice ».

Le retable du maître autel comporte un seul niveau et trois travées séparées par des colonnes corinthiennes à chapiteaux sculptés. La partie basse comprend deux niches de chaque côté de la contre table ornée d'un tableau représentant la Transfiguration (forme glorieuse du Christ lorsqu’il apparut à trois de ses disciples sur le mont Thabor). La corniche s'élève dans la partie médiane et compose un tympan, à volutes, décoré de guirlandes végétales. Dans la partie supérieure, deux niches en plein cintre encadrent une niche centrale, plus grande, décorée de grappes de fruits et de putti. Des pots à feu et des obélisques complètent cette riche décoration. Les statues de saint Malo, saint Patern, la Vierge, saint Jean l'évangéliste et saint Jean-Baptiste font partie intégrante de l'ensemble.

Le retable de saint Laurent est composé de trois travées comprenant deux niches latérales dans lesquelles figurent  les statues de saint Laurent et de saint Isidore. Sur la contre table, un tableau représente le martyre de saint Laurent. Un entablement horizontal, à décor de volutes végétales et de pots à feu, soutient la niche supérieure posée au-dessus de la contre table. Deux angelots terminent la composition dans la partie supérieure. Le tombeau d'autel est orné en son centre d'un médaillon sculpté de l'agneau pascal. Saint Laurent montre la palme de son martyre (brisée) tandis que saint Isidore (grandeur nature), en bragouvraz, la faucille à la main, une gerbe de blé brisée dans l’autre, indique clairement au visiteur qu’il est le patron des agriculteurs et des laboureurs. 

Le retable de la Vierge est en bois peint (polychrome). Il est constitué d’une travée, avec une contre table, encadrée de deux panneaux latéraux disposés en oblique, et surmontée d'un plafond sur lequel figure la colombe

D’autres statues ornent cette église : 

  • sainte Christine, du XVIIe siècle, provient certainement de la chapelle du même nom. Elle fait davantage penser à Marie-Madeleine, les cheveux dénoués (il manque toutefois le pot de parfum).
  • saint Malo, du milieu XVIIe siècle, provient d'un atelier régional, qui a notamment produit le buste-reliquaire de l'église de Guéméné et la statue de saint René dans l'église de Plouray. La statue, en bois polychromé, est imposante : 1,75 mètre de hauteur !
  • Saint Jean-Baptiste est reconnaissable à l’agneau situé à sa gauche.
  • La vierge à l’Enfant (XVe siècle) est en pierre blanche et polychromée : elle est protégée depuis le 4 avril 1982.
  • Saint Paul est identifiable grâce à un livre ouvert et à une épée. Cette statue est en très mauvais état (vermoulure et écaillages).

 

 

 

Saint Isidore

 

 

 

 

 

 

Le retable de Notre-Dame de Bon Secours attire immédiatement l’œil du visiteur. D’une hauteur de 2 mètres pour une largeur de 1,20 mètre, il domine un petit autel votif peint sur bois. Le panneau central présente deux anges à genoux en adoration et des chérubins disposés dans les nuées. De chaque côté et au revers figure un décor floral. Sur le panneau du dais la colombe du saint Esprit déploie ses ailes. Deux pots à feu sont posés aux extrémités. Le petit autel forme console. Une inscription est encore lisible dans un cartouche : « 1733 François Herpe fabrig ma fait peindre Dupont pinxit ». Ce retable est classé depuis le 2 avril 1982.

La statue Notre-Dame de Bon Secours, d’une hauteur de 1,25 mètre, sculptée par un  inconnu, est en bois polychromé. Couronnée, elle présente l’Enfant Jésus sur le bras gauche : il tient dans la main droite un fruit et dans la main gauche le globe terrestre.  

 

 

          

 

 



16/05/2016
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